Par Sébastien RONPHE, élève avocat et Me Elodie MAUMONT, avocat associé
La feuille d'érable ne saurait dissimuler la forêt d'agressions sexuelles commises au sein de son armée.
A l’origine de ce constat, un rapport paru en mars 2015 dénonçait le « climat de sexualisation des Forces Armées Canadiennes (FAC), particulièrement parmi les recrues et les militaires du rang ». La juge retraitée auteure de ce rapport s'inquiétait alors des humiliations faisant référence au corps des femmes ou à leurs compétences, ainsi que des agressions sexuelles pratiquées au sein de l'armée.
Face à de tels actes, elle relevait un « déficit de signalement » s'expliquant par la crainte de répercussions sur la carrière, et recommandait la création d'un centre indépendant pour le traitement de telles plaintes, qui apporterait prévention et soutien aux victimes.
A la suite de ce rapport, une opération « honneur » a été lancée en août 2015 afin de mettre un terme à de tels comportements.
Cependant, le 28 novembre 2016, une enquête Statistique Canada réalisée entre les mois d'avril et juin 2016 a mis en lumière qu'environ 960 membres des FAC se sont déclarés victimes d'une infraction sexuelle au cours des 12 mois précédents.
Les victimes sont majoritairement féminines et dans la moitié des cas, l'agresseur est un supérieur hiérarchique.
De plus, 23,7 % du personnel féminin déclare avoir été agressé sexuellement au moins une fois au cours de sa carrière.
http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/161128/dq161128a-fra.htm
La directrice générale du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle dans les FAC a précisé que 30 personnes en position de commandement ou de supervision ont été relevées de leurs fonctions (dont 18 de façon permanente) entre janvier et octobre 2016 en raison d'inconduite sexuelle.
Par ailleurs, accusant l'armée de manquement à l'obligation de protéger ses membres, un groupe d'anciens militaires a déposé un recours devant la Cour suprême de l'Ontario.
Ainsi, au pays du caribou, le froid ne tempère en rien les ardeurs sexuelles des agresseurs.
© MDMH – Publié le 2 décembre 2016