La désertion dans l'armée française est un sujet souvent tu, voir tabou, peu commenté et documenté par l'Institution, mais d'une importance réelle.
MDMH AVOCATS vous invite à retrouver ce sujet mis à la Une de "L'humanité" (en papier et sur son site web) sous le titre "Désertions, le tabou de la grande muette".
Envoyée spéciale à Marseille et Metz, juridictions spécialisées en affaires pénales militaires, Elisabeth FLEURY aborde cette question délicate sous divers angles, mettant en lumière les défis et les réalités auxquels sont confrontés les jeunes recrues dans son sujet : "Les déserteurs face à la justice : ce que leurs récits nous disent de l'armée française.".
L'article de "L'Humanité" dépeint un tableau sombre mais réaliste de la vie militaire, où des centaines de jeunes quittent l'armée, confrontés à des conditions de vie difficiles et à un environnement souvent hostile. Interviewée par Elisabeth FLEURY sous le titre évocateur "Souvent on déserte comme on s'engage" j'ai abordé avec elle les raisons profondes qui mènent, selon mon analyse, à la désertion. Les recrues s'engagent souvent avec des attentes irréalistes, alimentées par des campagnes de recrutement promettant aventure et héroïsme. Cependant, la réalité quotidienne, marquée par l'ennui, l'isolement, et des tâches répétitives, est bien loin de ces promesses.
L'un des points cruciaux que j'ai pu également aborder est également la nécessité de considérer la désertion comme un problème de ressources humaines plutôt qu'une faute pénale.
La justice militaire, avec son approche souvent standardisée, ne me parait pas pouvoir parvenir pas à saisir la complexité individuelle de chaque cas de désertion.
Pourtant, chaque histoire est unique, et les circonstances personnelles devraient être prises en compte lors de chaque jugement.
Evidemment cela pose la question de la gestion des audiences qui semblent suivre un barème standardisé, sans tenir compte des nuances et des circonstances spécifiques à chaque déserteur.
A l'inverse de notre grand principe de droit pénal de personnalisation de la peine, cette approche peut souvent sembler injuste et déshumanisée.
Elisabeth FLEURY reprend ainsi les mots de Monsieur Yves BADORC, procureur de la République à METZ et illustre ses propos :
"Deux mois de prison avec sursis : d'un parquet militaire à l'autre, sauf circonstances exceptionnelles, les peines réclamées sont souvent les mêmes "le barème de la désertion est assez homogène" confie Yves Badorc".
In fine, c'est la question de l'attractivité de l'armée qui est primordiale.
Plutôt que de retenir les recrues contre leur gré, l'armée devrait s'interroger sur ses méthodes de recrutement, de fidélisation des personnels et les processus de résiliation de contrat.
La désertion n'est pas simplement un acte de défiance, elle est souvent et surtout un acte de renoncement ; c'est souvent le résultat d'une profonde désillusion et d'un manque de soutien.
En reconnaissant et en abordant ces problèmes surement dans un autre cadre que celui de la justice militaire, il est à croire et espérer que le taux de désertion pourrait être largement réduit.
Sujet à suivre ... et nous concernant ce sera lors des prochaines audiences militaires se tenant à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Lille ou encore Cayenne.
Pour aller plus loin sur le sujet : retrouvez les articles de MDMH AVOCATS sur notre blog et notamment :
© MDMH AVOCATS publié le 17 novembre 2023